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L'illettrisme : invisible, mais bien présent en Normandie
Le phénomène de l’illettrisme est complexe à appréhender statistiquement. Ce constat a conduit le Carif-Oref de Normandie à mettre en place un observatoire des risques d'illettrisme. En l’absence de mesures précises et régulièrement mises à jour, il a paru pertinent d’adopter une approche des risques d’illettrisme par l’analyse des populations exposées, des difficultés en milieu scolaire, des conditions de vie et d’emploi, de l’accès au numérique et des environnements socio-culturels de la population. Les indicateurs ont été actualisés par rapport à la première édition de 2022 et enrichis de nouvelles données, notamment sur les Quartiers prioritaires de la politique de la ville. Ils vous sont présentés dans ce zoom.
Le sommaire :
- Repérage de la population en situation d'illettrisme ou exposée en Normandie
- Repérage des difficultés en milieu scolaire en Normandie
- Conditions de vie et d'emploi en Normandie : quels facteurs expliquent ou favorisent les situations d'illettrisme ?
- Accès au numérique / situation d'illectronisme
On parle d’illettrisme et/ou d’innumérisme pour des personnes qui, après avoir été scolarisées en France, n’ont pas acquis une maîtrise suffisante de la lecture, de l’écriture, du calcul, des compétences de base, pour être autonomes dans les situations simples de la vie courante. Depuis quelques années, le socle de compétences de base intègre également le numérique.
En France, 4 % de la population âgée de 18 à 64 ans sont en situation d’illettrisme soit 1,4 million de personnes. Par ailleurs, 9 % ont de graves difficultés avec le calcul (3,2 millions de personnes) et 10,5 % soit 3,7 millions de personnes rencontrent des difficultés dans au moins une des quatre compétences de base : lecture de mots, compréhension de texte, écriture et calcul. Parmi ces personnes, 6 sur 10 sont des femmes, 52 % ont 45 ans et plus et 55 % occupent un emploi.
Repérage de la population en situation d'illettrisme ou exposée en Normandie
5,4 % des jeunes participants à la JDC considérés en situation d'illettrisme
En Normandie, le repérage des jeunes en situation d’illettrisme ou exposés se fait grâce à la Journée Défense et Citoyenneté (JDC). 5,4 % des jeunes normands y participant en 2023 sont en situation d’illettrisme selon les critères de l’Agence nationale de lutte contre l'illettrisme (ANLCI) à savoir déficit important de vocabulaire et mécanismes de base de traitement du langage écrit non installés, et 12,2 % rencontrent des difficultés de lecture. 8 % sont sortis du système éducatif après le collège ou le lycée. Pour ces derniers, les chiffres sont encore plus préoccupants : 29,1 % ont des difficultés en lecture et 14,6 % sont en situation d’illettrisme.
Plus de 98 000 jeunes ni en emploi, ni en études, ni en formation (Neet) en Normandie
Une autre population est fortement exposée à un risque d’illettrisme, ce sont les Neets. Ils sont 98 000 jeunes à être ni en emploi, ni en études, ni en formation en Normandie. Parmi eux, 66 % sont en recherche d’emploi et 34 % sont inactifs. Le faible niveau de qualification est important : 34 % de ces jeunes n’ont aucun diplôme ou au mieux le brevet des collèges. Ces publics se trouvent dans des situations sociales très diverses pouvant conduire à une grande précarité.
Repérage des difficultés en milieu scolaire en Normandie
38 000 élèves de 6e concernés par les évaluations de français et de mathématiques dans l'académie de Normandie à la rentrée 2024
Les premières difficultés d’apprentissage peuvent être repérées à l’école, notamment grâce aux évaluations effectuées à différents niveaux. Celles menées en classe de sixième sur l’académie de Normandie révèlent qu’aux évaluations de français, près de la moitié des élèves se trouvent dans le groupe « fragile » en compréhension écrite et un quart présente des besoins en orthographe. En mathématiques, plus de 40 % rencontrent des difficultés en résolution de problèmes, et plus d’un tiers en espace et en géométrie.
L’origine sociale influence les performances scolaires. Ainsi, l’écart de score entre les élèves des collèges les plus favorisés socialement et les moins favorisés est de 33 points. À la rentrée 2024 sur notre territoire, 5,6 % des élèves étaient en retard à l’entrée en sixième et là encore, la part des élèves en retard est plus importante chez les enfants de techniciens (12,6 %), d’employés (11,2 %) et d’inactifs (8,3 %) comparée à celle des enfants d’enseignants (1,3 %) et de cadres (2,1 %).
Pisa 2022 : des résultats en baisse qui se situent dans la moyenne des pays de l'OCDE
Pisa, le Programme International pour le Suivi des Acquis des élèves, permet de situer le niveau des élèves français par rapport aux autres pays de l’OCDE. Il ressort qu’en culture mathématique, la part d’élèves français en difficulté a augmenté de 6,6 points depuis 2012 pour atteindre 29 % en 2022, contre 31,1 % pour la moyenne OCDE. En compréhension de l’écrit, cette part est passée de 20,9 % à 26,9 % entre 2018 et 2022, un niveau proche de la moyenne de l’OCDE (26,3 %). Et en culture scientifique, le taux d’élèves en difficulté en France est équivalent à la moyenne de l’OCDE (23,8 % contre 24,5 %). Par ailleurs, le pourcentage d’élèves dans les haut-niveaux a diminué dans ces trois disciplines.
Conditions de vie et d'emploi en Normandie : quels facteurs expliquent ou favorisent les situations d'illettrisme ?
Certaines conditions de vie et d’emploi sur notre territoire peuvent constituer des terrains propices à l’apparition ou l’aggravation d’un phénomène d’illettrisme mais il ne s’agit pas ici de stigmatiser les populations précarisées ni de pointer l’illettrisme comme un problème uniquement d’origine sociale. Le risque d’illettrisme à l’âge adulte est souvent la résultante de ce qui n’a pas été appris ou mal appris à l’école et la question de l’éloignement socio-culturel des classes sociales défavorisées est également en jeu.
En Normandie,195 225 ménages fiscaux soit 438 165 personnes (13,7 % de la population normande) vivent sous le seuil de pauvreté monétaire (14,5 % pour la France métropolitaine). Ce taux varie entre 11,7 % et 15,6 % selon le département.
Les familles monoparentales et les jeunes plus touchés par la pauvreté
44 % des demandeurs d'emploi sont des chômeurs de longue durée
44,3 % des demandeurs d’emploi étaient des chômeurs de longue durée au 4e trimestre 2024, soit 108 660 sur 245 220 demandeurs d’emploi. La part des demandeurs d’emploi éloignés de l’emploi varie de 42,3 % à 45,3 % selon le département normand. Parmi eux, 15,6 % sont inscrits depuis plus de trois ans en Normandie.
Près d'un quart des Normands en emploi âgés de plus de 55 ans n'a aucun diplôme
Tous secteurs d’activités confondus, près d’un quart des Normands en emploi âgés de plus de 55 ans n’a aucun diplôme.
Plus précisément, en incluant toutes les catégories d’âge, le secteur de l’agriculture et celui de la construction sont ceux qui ont la part la plus importante d’actifs en emploi non diplômés avec respectivement 13 % et 17 % de leurs actifs non diplômés.
Les chiffres des Quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV) normands
Au niveau national, il y a 2,4 fois plus de risque d’être en fortes difficultés avec les compétences de base pour les personnes résidant en QPV. Les conditions de vie et d’emploi dans ces quartiers peuvent expliquer ou favoriser ces difficultés. Aussi, une attention est portée ci-après sur les chiffres des QPV normands qui présentent une pauvreté importante, un chômage élevé, une forte part de jeunes sans diplôme ou emploi, ou bien encore un taux élevé d’emplois précaires.
Accès au numérique / situation d'illectronisme
15,4 % des Français sont en situation d'illectronisme
Un autre phénomène touche 13 millions de personnes en France : l’illectronisme qui définit la situation d’un individu ne possédant pas les compétences numériques de base ou ne se servant pas d’Internet.
L’illectronisme concerne 15,9 % des femmes et 14,8 % des hommes, avec une prévalence chez les seniors : 63 % des 75 ans ou plus, 25 % des 60-74 ans contre 2 % des 15-24 ans. La part des personnes en situation d’illectronisme diminue avec l'élévation des niveaux de diplôme. Près de 42 % des personnes concernées sont non diplômées contre 3,9 % pour les Bac +2 et 2,9 % pour les Bac +3 ou plus.
Pour relever le défi de l’inclusion numérique, les acteurs de la médiation numérique se mobilisent sur l’ensemble du territoire, soit à distance (bus itinérants), soit dans des lieux dédiés (maisons France services, conseillers numériques…). Pour être efficient, il est indispensable d’avoir une connaissance précise des besoins. C’est l’objectif de la création de l’Indice de fragilité numérique (IFN) qui fournit des données des territoires pour mesurer la fragilité numérique. Cette mesure se fait en fonction de la qualité de la couverture réseau du territoire et des critères socio-démographiques d’éloignement du numérique de sa population.
En Normandie, les scores IFN (de 1 à 10, 10 représentant le risque le plus élevé) sont les suivants :
- Calvados : 5,4
- Eure : 5,9
- Manche : 6,5
- Orne : 7
- Seine-Maritime : 5,6
Concernant les compétences numériques des personnes en emploi en France, trois personnes en emploi sur cinq ne disposent pas des bases nécessaires pour utiliser le numérique efficacement dans leur travail quotidien.
Plus précisément :
- 20 % sont en grande difficulté
- 42 % des actifs sont des utilisateurs débutants
- 23 % des actifs sont autonomes
- 15 % atteignent un niveau avancé.
Grâce à l’engagement des acteurs sur le terrain, de nombreuses actions et initiatives sont déployées en Normandie mais les besoins restent importants pour lutter durablement contre l’illettrisme et l’illectronisme et favoriser l’inclusion pour tous.
Malyka Déméautis (Carif-Oref de Normandie)