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Les entreprises de la Glass Vallée à l'heure de la décarbonation
La vallée de la Bresle (partie normande) concentre 16 verriers pour près de 3 000 salariés. Certaines de ces entreprises sont présentes sur le territoire depuis 400 ans. Consciente des enjeux liés au défi de la décarbonation, l’industrie verrière a mis en place des actions pour atteindre la neutralité carbone à l’horizon 2050, avec une première étape à l’horizon 2030. Entretien croisé avec trois entreprises de la vallée de la Bresle.
Cette transition énergétique se concrétise notamment par :
- Le remplacement des fours à gaz par des fours électriques ou hybrides
- La récupération et la gestion de données pour améliorer les process
- La digitalisation qui tend vers une maintenance préventive, voire prédictive
- L’amélioration de l’efficacité énergétique en mobilisant des énergies renouvelables
Ces actions entraînent des changements au niveau des process de fabrication, dans un contexte croissant de numérisation et d’automatisation, qui se traduit par une hausse du niveau de qualification et une montée en compétences des salariés.
Les transformations en matière de process (digitalisation, automatisation, industrie 4.0), d’innovation des produits (verre recyclé, verre allégé) ou bien encore la conversion de combustibles de certains fours impactent les métiers mais dans quelle mesure ?
Faisons le point avec trois entreprises (Verescence, SGD group et Pochet du Courval) de la Glass Vallée.
La transformation du secteur du verre en lien avec la transition écologique et la décarbonation de l'industrie
- A quels enjeux le secteur est-il confronté aujourd'hui et dans les années à venir ?
Nous avons des enjeux de décarbonation de notre industrie pour répondre aux objectifs gouvernementaux1. A ceux-ci s’ajoutent les exigences de nos clients en matière de responsabilité sociétale des entreprises (RSE). Il faut inclure le côté environnemental, sociétal et éthique. Il nous faut trouver un équilibre avec l’exigence du luxe.
1 A titre d'exemple, l'objectif de réduction des émissions de CO2 est de -32 % pour le groupe Pochet du Courval d'ici à 2033, plus de 50 % pour Verescence d'ici à 2030 et 45 % d'ici à 2035 pour Saverglass.
- Quelles sont les mutations, les transformations qui vont toucher le secteur du verre ? Quelles « solutions » sont envisagées (ou déjà engagées) par les entreprises du verre du territoire pour répondre aux objectifs de décarbonation ?
La transition énergétique est un vrai sujet. La première étape du plan de décarbonation est le remplacement des fours à gaz par des fours électriques qui vont nous permettre de réduire les émissions de CO2. En parallèle, notre industrie se transforme : automatisation, industrie 4.0, digitalisation. Nous travaillons à produire mieux pour réduire le taux de rebus. Il y a un travail sous-jacent que les industriels ont à faire dans cette transformation : la maîtrise du process, le développement de compétences différentes, la gestion de la data et la récupération d'informations sur le process. Une grande partie de notre décarbonation va se trouver dans une meilleure maîtrise de nos process.
Métiers et compétences : impact des transformations à venir sur les ressources humaines
- Les principaux métiers de l'industrie du verre
- Au sujet des besoins de recrutement à l'heure actuelle, quels sont les principaux profils recherchés ?
Nous recrutons principalement des opérateurs/conducteurs de ligne et des techniciens de maintenance.
Généralement, nous repérons, sur les postes de trieur/emballeur, ceux qui sont les plus enclins à travailler sur nos équipements. Et nous leur proposons un contrat de professionnalisation de deux ans pour évoluer vers un poste de conducteur de ligne qui pourra ensuite évoluer vers un poste de régleur ou autres. Le point d'entrée, c'est la capacité à apprendre, à laquelle s’ajoute le savoir-être et la volonté de travailler.
Le technicien de maintenance maintient en condition opérationnelle l'ensemble des systèmes et la sécurité des machines. Il est essentiel et nécessaire à chaque étape du process. Les techniciens de maintenance sont principalement diplômés d’un BTS électrotechnique / automatismes / mécanique et suivent une année de tutorat en interne pour intervenir de manière autonome.
Lorsqu’ils suivent leur formation en alternance dans nos usines, il est parfois difficile de les garder car ils sont très sollicités par l'extérieur. Et s’ajoute la difficulté de l’attractivité du territoire, des salaires et de notre activité en continu (postés en 4/8 ou 5/8). C’est un vrai sujet mais il faut garder à l’esprit que nous faisons des produits magnifiques et qu’il y a une fierté d'appartenance par le fait que nos clients mettent en avant nos produits.
Exceptés pour les techniciens de maintenance, le turn-over est assez réduit comparé à d’autres secteurs car ce sont des métiers de savoir-faire et il n’y a pas de concurrence vis-à-vis des salariés entre verriers.
- Concernant l'évolution à venir des métiers de l'industrie du verre en lien avec la décarbonation : de nouveaux métiers sont-ils attendus ? Des métiers sont-ils amenés à disparaître ? De nouvelles compétences seront-elles incontournables ?
Nous ne disposons pas d’experts en la matière. On a des métiers comme ceux de la fusion qui doivent désormais repenser leur process pour répondre aux objectifs : « Je dois maintenant produire du verre avec des paramètres tels que limiter la consommation d'énergie et utiliser le maximum d'outils pour décarboner ».
Notre savoir-faire se transmet de génération en génération. Nous n’avons pas de centres de formation sur nos cœurs de métier, nous formons nos salariés avec nos process en interne et en situation de travail.
La décarbonation pose la question de nouvelles compétences : tout en préservant la qualité, il faut avoir conscience de l’impact sur la planète. C'est un travail de compétences internes pour bien équilibrer les choses. Et pour y arriver, nous allons nous appuyer sur la digitalisation. Et là, vous avez une transformation des compétences qui est colossale. Entre un conducteur de ligne avec un outil informatique qui donne en temps réel ce qui se passe sur la machine et qui déclare des défauts et ceux qui ne maîtrisent pas l’outil informatique, il y a un gap technologique. Neuf mois de formation sont nécessaires.
L’évolution des process change beaucoup de choses : il y a un véritable enjeu autour des métiers de la qualité présents sur l’ensemble de la chaîne, nous mesurons beaucoup plus de choses et nous avons les moyens de les piloter. La qualité est un vrai sujet de décarbonation : sur trois fours de 100 tonnes, vous en avez un qui ne fonctionne pour rien (le rebus). La digitalisation nous aide à identifier les éléments entrants qui pourraient perturber la production et nous aide à l’améliorer.
- Nous avons vu que le métier de technicien de maintenance est un métier en tension. En avez-vous identifié d'autres ?
Les métiers autour de la donnée le sont. Nous avons également des besoins pour la direction technique : automaticien, roboticien, bureau d'études, bureau d'études mécaniques. Pour certaines zones de production, les compétences sont tellement associées au métier que vous avez moins de risques de départs. C'est le cas du conducteur de machines, il a tout appris sur sa machine donc s’il va ailleurs, il aura beaucoup de choses à réapprendre. Alors que la mobilité pour un technicien de maintenance est plus facile.
- Quels seront vos besoins en emploi dans les années à venir ? Sur quels profils ?
Nous avons un bassin industriel fort mais nous n’avons pas les jeunes : il y a un problème d’attractivité des formations et du territoire. Et puis le Covid a bouleversé la donne. Nous avons maintenant des ingénieurs de production qui nous demande à télétravailler !
Sur les métiers de supports, on est en train de faire des transitions considérables avec l'intelligence artificielle en particulier générative et il va y avoir « de la casse » dans les années qui viennent. Ça prendra quelques années et ça descendra progressivement en production parce que ces outils-là sont capables de collecter de l’information. Quand on regarde la maîtrise des processus d'intelligence artificielle, c’est impressionnant. Donc oui, il y aura des transformations dans les dix ans qui viennent, comme il y en a eu dans les dernières années. C'est de plus en plus présent pour les postes répétitifs et de manutention simple.
Le secteur du verre continue de recruter. Nous avons besoin de nouvelles compétences avec notamment le développement de la robotique : plus de compétences techniques et de moins en moins de main d’œuvre opérationnelle. Les effectifs ont tendance à se réduire sur les métiers de décor / trieur / emballeur. La tendance est à l’automatisation avec l’apparition de nouvelles compétences telles que le maintien opérationnel du robot. Nous sommes très attentifs aux profils d’expertise (en interne) pour des enjeux de mobilité.
On a une chance entre guillemets, c’est qu’on est face à un matériau qui est quasi-vivant. Et on est face à un marché avec 30 % de renouvellement de produits. C’est un pari industriel de faire des nouveautés qui dans neuf mois seront produites par millions.
En résumé...
Les atouts du secteur verrier est la transmission d’un savoir-faire, une fierté d’appartenance à des produits mis en valeur par les clients et le travail d’une matière recyclable à l’infini. Pour autant, les difficultés de recrutement existent, notamment sur le profil de technicien de maintenance industriel et les métiers autour de la donnée. Le secteur verrier recherche également des profils de tourneurs, ajusteurs, roboticiens et automaticiens. Selon les entreprises du verre, leur territoire est un fort bassin industriel mais elles constatent un problème d’attractivité des formations et du territoire et de valorisation de l’industrie dans les écoles.
Le secteur verrier est un secteur qui recrute toujours. L’évolution des process et l’industrie 4.0 font que ce ne sont pas des remplacements de poste mais plutôt une évolution des métiers qui s’opère. La main d’œuvre opérationnelle fait place à des compétences techniques en lien avec l’automatisation et la digitalisation. A cela viendra s’ajouter dans les prochaines années, l’arrivée de l’intelligence artificielle qui permettra de collecter de l’information et de contribuer à la transformation des métiers…
Pour aller plus loin, consultez l'étude « Emploi et compétences : vers une industrie transformée et une économie diversifiée » (voir lien ci-après).
Malyka Déméautis (Carif-Oref de Normandie)